Par Sandra Embollo
«Il est très probable que l’Union européenne et l’Espace économique européen devront faire face à une hausse de cas importés de Mpox causés par le virus qui circule actuellement en Afrique ». C’est ce que dit le Centre Européen de prévention et de contrôle des maladies.
L’agence européenne explique que les liens et les voyages fréquents entre Europe et Afrique rendent en effet le phénomène inéluctable. Et ce d’autant, ajoute-t-elle, que la probabilité d’infection pour les personnes en provenance d’Europe et se rendant dans les zones touchées « est élevée ».
« Stopper le foyer épidémique principal en Rdc »
« Il va falloir que la communauté internationale fasse preuve de solidarité, explique Benjamin Rossi, infectiologue à l’hôpital Robert Ballangé. La première chose à faire, c’est de stopper le foyer épidémique principal qui est le foyer de République Démocratique du Congo. Il faut qu’on donne des vaccins en Rdc, qu’on leur donne des moyens pour se soigner gratuitement, s’isoler… et dans les pays périphériques où il y a un cas il faut isoler et vacciner les personnes à risques ».
En conséquence, l’Ecdc propose aux pays européens d’émettre des conseils de voyage pour les personnes visitant ou revenant des zones touchées par l’épidémie. Il s’agit de pouvoir détecter, diagnostiquer et répondre rapidement à l’apparition de nouveaux cas en Europe afin d’empêcher la propagation du virus.
Un appel à la vigilance
Les États et autorités de santé doivent donc, selon l’agence, se préparer à renforcer leurs capacités de surveillance épidémique, à faire plus de tests en laboratoire et à pouvoir réaliser efficacement des enquêtes épidémiologiques ainsi qu’un traçage des contacts.
« On peut endiguer cette épidémie avec des mesures barrières et la vaccination ».
Néanmoins, le ton employé n’est pas alarmiste. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies estime qu’avec la mise en place des mesures qui viennent d’être évoquées, au sein de systèmes de santé européens jugés fiables et solides, l’impact de la nouvelle souche de Mpox sera faible au sein de l’UE et de l’espace économique européen.
« On a une expérience dans la prise en charge, la vaccination des cas contact et des sujets à risque, rassure Benjamin Rossi. On voit bien qu’on peut endiguer cette épidémie avec des mesures barrières et la vaccination ».
L’Organisation mondiale de la Santé a déclenché cette semaine son niveau d’alerte le plus élevé et appelle l’Europe à se préparer à une hausse des cas de mpox. En réponse, le laboratoire Bavarian Nordic assure être en capacité de produire 10 millions de doses de vaccins pour faire face à la maladie d’ici à 2025. C’est justement ce qu’il faudrait maintenant pour endiguer l’épidémie sur le continent africain où circule le plus la maladie en ce moment soulignait l’Oms cette semaine.
Le danois Bavarian Nordic, le seul laboratoire à disposer d’un vaccin homologué, dit pouvoir fabriquer ces doses d’ici à l’an prochain. Pour l’instant, il en a 500 000 en stock. Mais avant d’augmenter la cadence de production son patron dit attendre des commandes fermes de la part des pays concernés ou d’institutions internationales.
Sauf qu’au tarif de 100 dollars l’unité environ, l’effort financier pourrait être gigantesque pour certains pays. Ce mardi l’agence de santé de l’Union africaine, Africa Cdc, a annoncé que 200 000 doses allaient être déployées sur le continent.