Par Arlette Akoumou Nga
Les maires des grandes villes de Mardin et de Batman, et celui de la localité de Helfeti, toutes trois situées dans le sud-est à majorité kurde du pays, ont été remplacés par des gouverneurs nommés par l’État lundi.
Depuis 2014, c’est la troisième fois qu’Ahmet Türk, 82 ans, un vétéran du mouvement politique kurde, est élu maire de Mardin. C’est aussi la troisième qu’il est démis de ses fonctions par les autorités. Il a également été emprisonné plusieurs mois lors de précédents mandats.
Privés de leurs fauteuils de maire
Le climat, pourtant, semblait différent cette fois-ci : la Turquie débat depuis un mois d’un processus de paix visant à mettre fin au conflit avec le Pkk, groupe armé classé « terroriste » qui a revendiqué un attentat meurtrier à Ankara il y a deux semaines. Le pouvoir avait désigné comme interlocuteur le parti pro-kurde légal, le Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (Dem), dont Ahmet Türk, connu comme un homme de dialogue, est une figure incontournable.
Il se retrouve toutefois, comme deux autres maires du Dem, privé de son fauteuil pour « appartenance à une organisation terroriste ». Motif : des procès ouverts il y a plusieurs années et dont aucun n’a abouti.
Ahmet Türk a réagi devant la mairie de Mardin, barricadée par la police : « Si c’est ça qu’ils appellent une “ouverture” envers les Kurdes, ça n’en est pas une ! Ce pouvoir tend la main droite et tape avec la gauche. Tout ça montre de façon claire que ce pouvoir n’a aucune intention de résoudre ni le problème de démocratie, ni la question kurde ! », s’est-il insurgé.
Le parti pro-kurde a reçu le soutien du principal parti d’opposition turc, le Chp, grand vainqueur des municipales de mars, qui a dénoncé un « coup ». La semaine dernière, le maire Chp du plus grand arrondissement d’Istanbul avait lui-même été démis de ses fonctions, exactement pour les mêmes raisons.