Par Arlette Akoumou Nga
Attendant près d’une vingtaine de dirigeants étrangers, pour le sommet des Brics, à Kazan, en Russie, le président russe Vladimir Poutine poursuit son marathon diplomatique, mercredi 23 octobre. Il y rencontrera notamment dans la journée le président truc, Recep Tayyip Erdogan.
Avec ce sommet des Brics, Vladimir Poutine entend faire la démonstration de l’échec de la politique occidentale de sanctions économiques et d’isolement diplomatique visant son pays depuis l’assaut des troupes russes en Ukraine en février 2022. Prenant la parole à l’occasion de l’ouverture du sommet, mercredi matin, le président russe a assuré que la “formation d’un monde multipolaire” était en cours, ajoutant qu’il s’agirait d’un “processus dynamique et irréversible”. Il a précisé que la vingtaine de dirigeants réunis allaient évoquer ensemble “les questions les plus urgentes”, dont “le règlement des conflits régionaux”.
Avant l’ouverture formelle du sommet mercredi matin, Poutine a mené mardi un marathon de rencontres bilatérales, s’entretenant notamment avec le président chinois, Xi Jinping, et le Premier ministre indien, Narendra Modi. La Chine est son grand partenaire asiatique qui lui apporte un soutien économique crucial dans le contexte des sanctions occidentales, et l’Inde est critiquée par les Occidentaux pour ses achats de grandes quantités de pétrole russe depuis 2022.
Rencontres avec Erdogan, Maduro et Pezeshkian au programme
Le président russe a prévu de rencontrer le président turc, Recep Tayyip Erdogan, mercredi. Membre de l’Otan, la Turquie n’est pas membre des Brics et entretient des relations complexes tant avec la Russie que l’Occident.
Elle a toutefois annoncé début septembre vouloir rejoindre le bloc, un calcul d’abord économique, en ligne avec “l’autonomie stratégique” recherchée par Ankara, soulignent des observateurs. Le bloc des Brics représente près de la moitié de la population mondiale et près du tiers du PIB de la planète.
Illustration de sa volonté de battre en brèche “l’hégémonie” occidentale sur les relations internationales et de pousser sa vision d’un monde multipolaire, Vladimir Poutine doit aussi rencontrer dans la journée les présidents vénézuélien et iranien, Nicolas Maduro et Massoud Pezeshkian, dont les pays sont résolument dans le camp anti-occidental.
Arrivée d’Antonio Guterres à Kazan
Selon le Kremlin, Antonio Guterres, arrivé à Kazan, s’entretiendra jeudi avec Vladimir Poutine, avec l’Ukraine comme sujet de discussion. L’Onu n’a pas formellement confirmé cette rencontre, mais a fait savoir mardi que le secrétaire général s’entretiendrait avec un “grand nombre de dirigeants participant au sommet”.
Cet entretien serait une première en Russie entre les deux hommes depuis avril 2022, deux mois après l’assaut des troupes russes en Ukraine.
Vladimir Poutine lui avait alors affirmé croire en une issue “positive” des négociations avec l’Ukraine. Depuis, Moscou et Kiev ont cessé toute négociation officielle et leurs positions semblent en l’état irréconciliables.
À Kazan, “le secrétaire général réaffirmera ses positions bien connues sur la guerre en Ukraine et les conditions d’une paix juste fondée sur la charte et les résolutions des Nations unies et le droit international”, a souligné mardi l’un de ses porte-parole, Farhan Haq.
Antonio Guterres, qui s’est présenté en médiateur disponible, a régulièrement souligné que l’annexion de territoires ukrainiens n’avait “pas de place dans le monde moderne”. “La guerre en Ukraine demeure une plaie ouverte au cœur de l’Europe”, a-t-il encore dit en février.
Le ministère ukrainien des Affaires étrangères avait estimé lundi soir que M. Guterres avait fait “le mauvais choix” en acceptant de se rendre à Kazan. “Cela ne fait que nuire à la réputation de l’ONU”, a critiqué le ministère sur X.
Comptant quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) à sa création en 2009 et ayant intégré l’Afrique du Sud en 2010, le bloc désormais dit des Brics (les initiales de ces États en anglais) a été rejoint cette année par quatre autres pays (Éthiopie, Iran, Égypte et Émirats arabes unis).
Première rencontre entre Xi et Modi depuis 5 ans
En marge du sommet, Xi Jinping et Narendra Modi doivent tenir mercredi leur première rencontre bilatérale en cinq ans, selon le ministère indien des Affaires étrangères. Il s’agit d’un possible réchauffement entre la Chine et l’Inde, les deux pays les plus peuplés du monde, après un accord sur un différend frontalier. Ils partagent une frontière de 3 500 kilomètres.
Des affrontements à la frontière de la région chinoise du Tibet et de celle, indienne, du Ladakh avaient fait en juin 2020 au moins 20 morts côté indien et quatre parmi les Chinois. Cet épisode avait très fortement tendu les relations bilatérales et l’Inde a cherché à limiter les investissements chinois, interdisant en particulier des applications chinoises comme TikTok. Mais l’Inde a déclaré lundi avoir conclu un accord avec la Chine, qui avait confirmé le lendemain, sur des patrouilles dans des zones frontalières disputées.