Par Sandra Embollo
Les députés russes ont voté jeudi à l’unanimité la ratification du «traité sur le partenariat stratégique global» avec la Corée du Nord.
Ce vote de la Douma intervient au moment où les Occidentaux affirment disposer de preuves sur l’envoi de milliers de soldats nord-coréens en Russie. Ce “traité de partenariat stratégique global” entre la Russie et la Corée du Nord avait été signé le 19 juin durant une rare visite du président Poutine à Pyongyang, illustration du rapprochement entre les deux pays.
Au total, 397 députés de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, ont voté en faveur du texte. Il doit désormais être envoyé à la chambre haute du Parlement, le Conseil de la Fédération, pour un vote avant d’être signé par le président Vladimir Poutine.
Le traité prévoit notamment en son article 4 « une aide militaire immédiate » en cas d’agression armée de pays tiers.
L’armée ukrainienne contrôle plusieurs centaines de kilomètres carrés du territoire russe depuis son offensive surprise déclenchée début août dans la région de Koursk. Dans l’est de l’Ukraine, les troupes russes continuent de progresser.
Selon le texte, « si l’une des parties subit une attaque armée de la part d’un État ou d’un groupe d’Etats quelconque et se retrouve ainsi en état de guerre, l’autre partie accordera immédiatement une aide militaire ou autre par tous les moyens à sa disposition, conformément à l’article 51 du Statut de l’Onu et aux législations russe et nord-coréenne ».
La Corée du Nord a nié fournir à la Russie des forces pour son offensive en Ukraine, un représentant de Pyongyang à l’Onu parlant de « rumeur sans fondement ».
Toujours pas de confirmation
La Russie n’a pas confirmé la présence de soldats nord-coréens sur son territoire.
Lundi, le Kremlin avait annoncé son intention de poursuivre « le développement de cette coopération » avec la Corée du Nord qui « ne devrait inquiéter personne » car « elle n’est pas dirigée contre des pays tiers ».
Mais selon Washington, « entre le début et la mi-octobre, la Corée du Nord a déplacé au moins 3.000 soldats » dans l’est de la Russie, confirmant des informations fournies par la Corée du Sud.
Les renseignements sud-coréens avaient, eux, assuré la semaine dernière que la Corée du Nord avait décidé d’envoyer jusqu’à 12.000 soldats pour aider la Russie.
Selon un porte-parole de la Maison Blanche, les soldats qui seraient, selon Washington, en Russie « ont voyagé par bateau de la région de Wonsan en Corée du Nord jusqu’à Vladivostok, en Russie, et qu’ils ont rejoint plusieurs sites d’entraînement militaire russes dans l’est de la Russie, où ils suivent actuellement une formation ».
Les Etats-Unis ne savent pas s’ils vont combattre aux côtés de l’armée russe en Ukraine, a-t-il dit, tout en estimant qu’il s’agissait d’une « possibilité très inquiétante ». Si c’est le cas, ces soldats seront des « cibles militaires légitimes », a-t-il prévenu.
« Minimiser » l’impact des sanctions
Appelant à la mise en place d’« un système international multipolaire », formule utilisée régulièrement par Moscou pour contrer ce qu’elle appelle « l’hégémonie » des États-Unis, le traité prévoit des « efforts visant à minimiser l’impact » des possibles sanctions économiques qui peuvent être introduites par des pays tiers.
La Russie et la Corée du Nord se sont considérablement rapprochées depuis que Moscou a lancé son assaut contre l’Ukraine en février 2022.
Pyongyang est également accusé par les Occidentaux de fournir quantités d’obus et de missiles à l’armée russe.
Le traité prévoit également « des efforts en vue d’une croissance des échanges commerciaux » et « visant à minimiser l’impact » des sanctions économiques visant les deux pays. Le vote de la Douma intervient le jour de la clôture à Kazan, en Russie, du sommet des Brics, groupe de neuf pays parfois présentés comme du « Sud global ».
Les neuf pays des Brics pèsent pour près de la moitié de la population mondiale et près du tiers du Pib de la planète : Chine, Inde, Russie, Afrique du Sud, Brésil, Ethiopie, Iran, Egypte et Emirats arabes unis.
En multipliant les rencontres bilatérales, Vladimir Poutine s’est employé à y faire la démonstration de l’échec de la politique d’isolement diplomatique et de sanctions économiques visant son pays. Après un discours devant les participants, le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres doit y rencontrer dans la soirée Vladimir Poutine, une première depuis avril 2022.