Par Sandra Embollo
En juillet, le Kremlin reconnaissait une situation « catastrophique pour l’avenir de la nation ». En 2023, le taux de fécondité en Russie était de 1,41 enfant par femme en âge de procréer (contre 1,64 en France), selon de premières estimations de l’agence russe des statistiques (Rosstat), citées par le quotidien économique Rbc.
De janvier à juin 2024, 599 600 enfants sont nés en Russie, soit 16 000 de moins qu’au cours de la même période en 2023, selon les données publiées par l’agence gouvernementale russe Rosstat. Il s’agit du plus faible taux depuis 1999. Dans le même temps, le déclin de la population russe s’est accéléré de 18 %, avec 49 000 décès supplémentaires enregistrés en 2024 par rapport à l’année précédente, probablement dus, en partie, par les victimes du conflit en Ukraine.
Pour remédier à la profonde crise démographique de la Russie, héritée en grande partie de l’époque soviétique que les autorités ne sont jamais parvenues à enrayer, les députés russes viennent d’adopter, ce mardi une loi bannissant la promotion d’un mode de vie sans enfants. Ce texte doit encore être validé par la chambre haute le 20 novembre et signé par le président Vladimir Poutine.
Selon la loi, les personnes physiques accusées de se livrer à cette promotion d’un mode de vie sans enfant, dans des médias, des films, des publicités, risqueraient environ 4 000 euros, les fonctionnaires le double, tandis que pour les personnes morales la sanction pourrait être portée à 47 000 euros.
« Nous adoptons ce projet de loi pour protéger nos jeunes des idéologies inutiles », a commenté Nina Ostanina, présidente de la commission de la politique familiale de la Douma, la chambre basse du parlement russe.
D’importantes répercussions pour l’économie du pays
Depuis son entrée en fonction, Vladimir Poutine a souvent fait de l’amélioration du taux de natalité l’une de ses priorités. En outre, le Kremlin a largement idéalisé la maternité des jeunes en estimant même que c’était un « devoir historique » pour lutter contre l’Occident.
Mais jusqu’à présent, aucune mesure n’a permis à la Russie d’inverser la tendance malgré l’extension des services de garde d’enfants rémunérés pour les familles à faibles revenus, des allègements fiscaux pour les familles nombreuses… En juin, le vice-premier ministre russe Dmitry Chernyshenko avait averti les médias locaux que la Russie pourrait être confrontée à une pénurie de 2,4 millions de travailleurs d’ici 2030 si la situation ne s’améliorait pas.