Par Sandra Embollo
Le Fonds monétaire international (Fmi) a achevé le 3 octobre 2024, en République centrafricaine (Rca), une mission au titre de la 3ème revue du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit (Fec). Il y ressort des incertitudes sur les finances budgétaires au cours de l’exercice 2025 d’où la nécessité pour la communauté internationale, d’apporter un fort appui financier à ce pays de la Cemac. « Nous appelons l’ensemble des bailleurs à soutenir les efforts de stabilisation et de réformes des finances publiques en cours en Rca par l’apport en dons et en financement fortement concessionnel », a exhorté la délégation conduite par le Camerounais Albert Touna Mama. L’exhortation du Fmi n’est pas fortuite dans la mesure où la Rca subit encore les effets de la crise sociopolitique ayant créé des distorsions économiques et aggravé la situation des populations sur les plans humanitaire et social. Dans la lettre de politique de développement du gouvernement centrafricain 2023-2024, les autorités avouent que l’insécurité et les déplacements des populations ont contribué à accélérer l’urbanisation spontanée.
Ces facteurs mettent ainsi une pression sur les infrastructures et les services déjà limités dans les communautés d’accueil. « C’est dans ce contexte extrêmement difficile que la Rca doit relever plusieurs défis comme la mise en œuvre des politiques de développement, impactées par la faiblesse des ressources », déclarent conjointement le Premier ministre Félix Moloua et le ministre des Finances et du Budget, Felix Ndoba. L’appui extérieur en faveur de la Rca s’avère d’autant plus indéniable que le pays compte sur ces « appuis globaux voire sectoriels de tous les partenaires techniques et financiers » pour sortir « définitivement » de la situation de fragilité et s’atteler à mettre en place les bases durables du développement socio-économique.
Améliorer la fiscalité pétrolière
Au regard des besoins humanitaires importants, les autorités continuent de faire face à de fortes pressions budgétaires. Pour le FMI, les recettes internes de la Rca (prévues à 175,1 milliards de Fcfa en 2024) ont certes atteint 80 milliards de Fcfa à fin juin 2024 mais la contribution de la fiscalité pétrolière (9% des recettes totales) reste faible par rapport à son niveau historique qui varie entre 20% et 25%. Aussi, le gouvernement centrafricain est appelé à s’assurer de la mise en œuvre effective de ses engagements de réformes dans le secteur des produits pétroliers, afin de réduire les coûts d’importation, augmenter les recettes de l’Etat et alléger les coûts pour les populations et entreprises installées sur son territoire.
Le pays doit également prendre des mesures pour rattraper la croissance économique révisée à la baisse à 1% (contre 1,5% au départ) « en raison des perturbations dans la fourniture d’électricité ainsi que des retards importants accusés dans l’approvisionnement en carburants par le fleuve Oubangui ». L’environnement des affaires encore peu favorable, l’insécurité persistante dans certaines zones minières ainsi que les prix du carburant à la pompe (parmi les plus élevés au monde) constituent entre autres éléments qui selon le Fmi continuent de peser sur l’économie de la République centrafricaine.