Par Arlette Akoumou Nga
Alors que la Commission électorale était encore en train d’égrener les résultats de la présidentielle, des législatives et des provinciales, les partisans de l’opposant Venãncio Mondlane sont sortis spontanément dans les rues pour dénoncer une victoire qui leur a été « volée », par une commission électorale « corrompue », estiment-ils.
À Maputo, la capitale, l’Afp témoigne de violences qui ont éclaté jeudi et qui se sont poursuivies ce vendredi matin : des barricades de pneus en feu, du vandalisme, ou encore des panneaux d’affichage en faveur du parti présidentiel Frelimo ont été détruits. De quoi provoquer des affrontements avec les forces de l’ordre dans la capitale située au sud, mais aussi dans le nord du pays, comme dans la province de Nampula. Le bilan communiqué par la police ce vendredi faisait état d’un mort et de plus de 300 arrestations.
À partir de vendredi midi, l’internet mobile a brutalement cessé de fonctionner. Une interruption « quasi-totale » qui se poursuivait dans la soirée, selon Netblocks, une organisation indépendante qui traque les coupures d’internet dans le monde. Ce black out rend « difficile » la couverture des événements en cours, souligne Netblocks. Sans oublier que c’est via internet que l’opposant Venâncio Mondlane s’adresse à ses partisans pour les mobiliser.
Venãncio Mondlane maintient ses appels à manifester
L’opposant Venãncio Mondlane, ou « VM7 » comme le surnomment ses militants, qui a officiellement récolté 20% des voix à la présidentielle, maintient ses appels à manifester. Il vit toujours caché depuis l’assassinat de deux de ses proches la semaine dernière. « Nous rejetons absolument ces résultats », a-t-il déclaré. « Ils ne reflètent pas la volonté du peuple », a ajouté l’opposant, qualifiant la situation politique dans le pays lusophone d’Afrique australe de « pourri, frelaté et faux ».
De son côté, le leader de la Renamo, Ossufo Momade, arrivé en troisième position selon les résultats communiqués par la Commission électorale, a déclaré en fin de journée que son parti ne reconnaît pas les résultats et demande l’annulation des élections.
Premier président né après l’indépendance du pays
L’Église catholique du Mozambique, ainsi que les observateurs de l’Union européenne, ont aussi constaté des fraudes en faveur du candidat Daniel Chapo, un quasi inconnu devenu président.
À seulement 47 ans, il devient le premier président né après l’indépendance du Mozambique en 1975. Il est aussi le premier chef d’État à ne pas avoir combattu dans la guerre civile qui a suivi et qui a duré quinze ans, tuant un million de personnes. Jusqu’à sa désignation en mai dernier par le parti Frelimo, qui dirige le pays depuis l’indépendance, Daniel Chapo était un inconnu aux yeux de la population mozambicaine. Gouverneur de la province côtière d’Inhambane, il devient donc président avec près de 71 % des voix, selon la Commission électorale.
Le Frelimo « préoccupé » par les manifestations et ouvert au dialogue
Le Frelimo a exprimé aujourd’hui sa « préoccupation » face aux manifestations organisées par les partisans du candidat présidentiel Venâncio Mondlane, admettant possibilité de « dialogue » entre les parties.
« Notre candidat [à la présidentielle, déclaré vainqueur par le Cne, Daniel Chapo] s’est dit ouvert au dialogue, mais en attendant, nous devons tenir compte du fait que nous sommes encore dans la procédure des résultats. Et ces résultats vont encore au Conseil constitutionnel pour obtenir quelle est la position finale », a déclaré Ludmila Maguni, porte-parole du Frelimo, après la réunion de la commission politique du parti, citée par l’agence d’information portugaise Lusa.