Par Serge Aimé BIKOI
C’est le constat fait ce jeudi, 24 octobre 2024 par le ministre d’État ministre de la Justice, garde des sceaux à l’occasion de l’ouverture, à Yaoundé, de la réunion annuelle des chefs de cours d’appel et des délégués régionaux de l’administration pénitentiaire. Durant cette réunion de deux jours, deux sujets majeurs font l’objet d’intérêt, en l’occurrence l’éducation en milieu carcéral au Cameroun et la détention provisoire.
“La détention provisoire est une mesure ordonnée par le magistrat compétent en cas de délit ou de crime dans le but de préserver l’ordre public, de veiller à la sécurité des personnes et des biens après la commission d’une infraction”.
Partant de cette définition, Laurent Esso indique aussi qu’en plaçant une personne sous mandat de détention provisoire, il s’agit de s’assurer de la conservation des preuves et, surtout, de la représentation en justice de la personne mise en cause. Prescrite par le Code de procédure pénale,
“cette mesure est, affirme le ministre d’État,ministre de la Justice, bien encadrée par la loi. Mais il se trouve que nos prisons, qui sont des lieux où les peines privatives de liberté s’exécutent, contiennent souvent autant de détenus à titre provisoire que de condamnés définitifs. L’on y trouve même parfois des personnes privées de liberté par d’autres administrations”.
A titre illustratif, Laurent Esso relève, par exemple, que dans les prisons de la cour d’appel du Centre, pour le compte du 2ème trimestre 2024, pour environ 9500 pensionnaires, près de 4200 sont en détention provisoire. Le patron de la justice au Cameroun ajoute alors que nous ne devons pas perdre de vue que la détention ordonnée par le magistrat, qu’elle soit provisoire ou pas, demeure une mesure privative de liberté, dont les conséquences sont sociale, psychologique et économique. Cette situation est d’autant plus sensible qu’il interroge le magistrat sur les lenteurs judiciaires et sur la surpopulation carcérale. L’insuffisance des centres pénitenciers et le peu de places prévues dès leur conception durant la période de tutelle en constituent la cause structurelle. Aussi le ministre d’État ministre de la Justice explique-t-il que le département ministériel dont il tient les rênes se heurte parfois au problème de la disponibilité des terrains pour la construction de nouvelles prisons et, surtout, au coût très élevé de la sécurisation de ces nouveaux centres pénitenciers.
Quant à l’éducation en milieu carcéral, le Minjustice note, de prime abord, que la prison n’est pas seulement un lieu de privation de liberté, mais elle est aussi un lieu de préparation à la réinsertion sociale des détenus une fois libérés. Cette socialisation à la réinsertion sociale a permis au corps judiciaire de recruter, dans l’administration pénitentiaire, des personnels spécialisés en Agronomie, en élevage et en Génie civil. Ce mécanisme a, dans la même veine, conduit à rendre effective l’éducation non formelle en milieu carcéral dans l’ensemble des prisons camerounaises. Sur le plan chiffré, entre 2019 et 2023, par exemple, l’on a dénombré 1455 détenus ayant bénéficié de cette pratique de l’éducation non formelle en milieu carcéral. Parmi ces détenus, 174 ont obtenu des diplômes tant de l’enseignement primaire que de l’enseignement secondaire.
Au cours de cette réunion annuelle, des chefs de cours d’appel et des délégués régionaux de l’administration pénitentiaire, des personnels judiciaire et pénitentiaire méritants ont reçu des décorations au titre du 20 mai 2024. Cette traditionnelle réunion s’achève ce vendredi, 25 octobre 2024.