Par Mon’Esse
Une importante cargaison de munitions, dissimulée dans un autobus de transport interurbain, a été saisie dans la nuit du 27 au 28 octobre par des agents des douanes au poste de contrôle de la localité camerounaise de Tchabal (Adamaoua), selon un communiqué du ministère des Finances (Minfi) parvenu vendredi à la rédaction.
Sur la base d’indices suspects et lors d’un contrôle de routine, les éléments en charge de l’opération «Halte au commerce illicite» (Halcomi III) ont ainsi entrepris une fouille minutieuse des bagages des passagers, permettant la découverte de 3144 munitions dans les soutes du véhicule gros porteur.
Cet arsenal, généralement utilisé dans des situations de conflits armés, est complété par 3000 cartouches destinées à des fusils de type M21, 119 cartouches pour la mitraillette AK-47 ainsi que de 25 munitions pour armes de poing.
Selon le patron du Minfi, Louis Paul Motaze, le propriétaire de ces bagages, qui s’est présenté comme un militaire, a été interpellait alors qu’il tentait de prendre la poudre d’escampette, puis transféré à la Sécurité militaire (Semil) dans la capitale, Yaoundé, où il est actuellement sous exploitation.
Trois semaines plus tôt à Kousseri (Extrême-Nord), localité frontalière avec le Nigeria et le Tchad, indiquent des sources dignes de foi, des éléments des forces de sécurité avaient déjà mis la main sur un important stock d’armes et de munitions, mais cette fois les autorités du pays s’étaient gardées de communiquer sur cette prise.
Et si Yaoundé observe un tel niveau de discrétion sur le sujet, c’est que des cas similaires, indique-t-on sous le sceau de l’anonymat, tendent à se multiplier dans les régions du septentrion où des trafiquants appréhendés auraient déclaré agir pour le compte de personnalités bien connues du pays.
On rappelle que, en début avril 2018 le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait émis une note à l’endroit des gouverneurs de région, prescrivant la fermeture de toutes les armureries ouvertes dans les régions de l’Adamaoua, du Centre, du Littoral, de l’Ouest, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi «l’inventaire exhaustif des stocks d’armes et de munitions disponibles à date dans les armureries, ainsi que les diverses commandes en cours ou en instance».
Cette note, portant interdiction, jusqu’à nouvel ordre, de la vente des armes de chasse et de protection ainsi que leurs munitions dans ces régions, évoquait «la multitude de fausses autorisations d’achats et de port d’arme en circulation»
M. Atanga Nji ne cachait pas son inquiétude, face à «la prolifération et la circulation illicite des armes» ayant atteint des proportions préoccupantes et représentant une réelle menace à l’ordre public, une situation aggravée par le non-respect de la loi par plusieurs responsables des boutiques de vente d’armes.
Ces derniers mois, apprend-on encore, plusieurs trafiquants, dont on ignore l’usage qu’ils entendent faire de leurs arsenaux, se fourniraient auprès de réseaux libyens et soudanais qui transitent par le Tchad et la République centrafricaine.