Par Mon’Esse
Le ministre gabonais en charge des Transports, de la Marine marchande et de la Mer, le capitaine de vaisseau Dieudonné Loïc Ndinga Moudouma, a reconnu que le pavillon de son pays, dont se sert la Russie pour contourner les sanctions occidentales sur le pétrole, «est chez un sous-traitant, Intershipping, qui lui est à Dubaï».
Interrogé par Radio France internationale (Rfi), il a indiqué que Libreville n’avait pas octroyé de pavillon à Moscou dans le cadre de la «flotte fantôme» russe, mais que c’est ce marchandeur qui a l’autorisation de pavillonner tout navire, mais sous contrôle : «Et, chaque fois, il nous envoie cette liste-là et nous faisons des vérifications. Et, aujourd’hui, nous sommes en discussion avec d’autres pavillonneurs pour voir dans quelle mesure on peut peut-être retirer à Intershipping la licence pour l’emmener ailleurs.»
On rappelle qu’un rapport de la Kyiv School of Economics, un établissement d’enseignement et de recherches basé en Ukraine, a récemment révélé que cette flotte fantôme, enregistrait de plus en plus ses navires sous pavillon gabonais, Rfi précisant par ailleurs que, sur les 95 tankers battant pavillon gabonais aujourd’hui, au moins 40 ont fraîchement visité des ports russes.
On rappelle que les 7 pays les plus industrialisés (G7, Allemagne, Canada, États-Unis, France, Japon, Italie et Royaume-Uni), ainsi que l’Union européenne ont, du fait de la guerre en Ukraine, imposé en juin 2022 un embargo sur le pétrole russe, interdisant ainsi à leurs membres de s’en procurer. En mi-mars dernier, rappelle-t-on, les autorités camerounaises avaient été saisies par l’Organisation maritime internationale (Omi) au sujet de bateaux appartenant au pays, accusés d’appartenir à la flotte de «navires fantômes» et permettant, en dépit des sanctions internationales, à la Russie de continuer d’exporter son pétrole : sur 14 pétroliers battant pavillon camerounais en 2023, 11 avaient été retracés vers des ports pétroliers russes.
Pris au dépourvu, Yaoundé avait sollicité le concours du Royaume-Uni en vue de son intégration dans le système Gisis, une base de données permettant l’accès à un ensemble d’informations relatives à la navigation maritime internationale.