Par Joël Onana
La gauche a échoué mardi 8 octobre à faire tomber le gouvernement Barnier, sa motion de censure contre ce qu’elle qualifie de « hold-up électoral » n’ayant pas obtenu la majorité absolue à l’Assemblée, faute de soutien du Rassemblement national. Il fallait 289 voix pour censurer ce gouvernement fraîchement nommé, la motion déposée par les quatre groupes du Nouveau Front populaire n’en a obtenu que 197. À peine plus donc que les 192 signataires du texte.
Un échec attendu par ses auteurs, à commencer par Olivier Faure, monté le premier à la tribune pour réclamer la censure d’un gouvernement né selon lui d’un « hold-up électoral » et qui n’aurait « jamais dû être nommé ».
Mais le patron du parti socialiste avait reconnu par avance que Michel Barnier resterait « aux commandes du pays à l’issue de cette séance », avec la bienveillance d’une extrême droite qui l’a « placé sous (sa) tutelle ».
Une « validation complice » du RN également dénoncée par l’insoumise Clémence Guetté pour mieux asséner au premier ministre que son gouvernement « est donc illégitime ».
« C’est mathématique, sans le soutien du RN votre gouvernement serait renversé », a insisté la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain, y voyant « la démonstration d’un accord politique entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ».
La motion de censure rejetée par le RN
Ce dont le parti à la flamme s’est évidemment défendu, moquant par la voix de son député Guillaume Bigot une censure « boudeuse » et « capricieuse » qui ne pourrait « déboucher que sur le chaos », faute de nouvelle dissolution possible avant l’été 2025.
« Notre groupe brûle de voter la censure », mais « nous ne censurerons que sur des actes », a ajouté l’élu belfortain, expliquant que son groupe « préfère pour l’instant exercer une pression » sur l’exécutif « dans une logique de moindre mal ».
Avant d’être conforté à sa place, le premier ministre avait déploré une motion « a priori » de la gauche, qui a cherché à le censurer « avant même (qu’il) n’ouvre la bouche et constitue (son) gouvernement ».
Michel Barnier a aussi contesté l’idée que son gouvernement soit illégitime, considérant que sa « majorité relative » était la « moins relative » possible au Palais-Bourbon, fracturé depuis les élections législatives en trois blocs, dont aucun ne dispose de la majorité absolue.
Un appel au « compromis »
Le bloc central lui a logiquement apporté son soutien, en particulier l’homme fort de la droite Laurent Wauquiez qui a juré de « faire tout pour (l’) aider à réussir ».
Au centre, le chef du groupe MoDem Marc Fesneau a fustigé la « démarche profondément cynique » d’une censure « pavlovienne » et « clanique », quand « la réponse est dans notre capacité à peser en trouvant des consensus parlementaires ».
Le socialiste Olivier Faure n’y a d’ailleurs pas complètement fermé la porte, prenant au mot l’appel au « compromis » de Michel Barnier en l’invitant à « avancer sur la base (des) amendements » que les socialistes déposeront sur le projet de budget pour 2025.