Par Joël Onana avec Reuters
Une auteure a accusé mercredi 26 avril l’ancien président américain Donald Trump de l’avoir violé il y a près de 30 ans, lors d’un procès au civil à New York.
“Je suis ici car Donald Trump m’a violé, et quand j’ai écrit sur (ce viol), il a menti et dit que cela ne s’était jamais produit”, a déclaré E. Jean Carroll devant le tribunal fédéral de Manhattan. “Il a menti et ruiné ma réputation, et je suis là pour essayer de reprendre ma vie en main.”
E. Jean Carroll, une ancienne chroniqueuse au magazine Elle âgée de 79 ans, souhaite obtenir des réparations de la part de Donald Trump, candidat à l’investiture du parti républicain pour l’élection présidentielle de 2024 âgé de 76 ans. Son action en justice porte sur une rencontre supposée à New York à la fin de 1995 ou au début de 1996, où E. Jean Carroll affirme que Donald Trump l’a violée avant qu’elle ne parvienne à s’enfuir.
Élégante et distinguée, les traits un peu creusés, E. Jean Carroll a raconté comment “une scène new-yorkaise si drôle” au départ – la rencontre fortuite avec Donald Trump à l’entrée d’un grand magasin, puis quelques plaisanteries dans les rayons – s’est transformée en cauchemar dans une cabine d’essayage du 6e étage, déserté en ce début de soirée du printemps 1996.
Selon son récit, l’homme d’affaires et célébrité du tout-New York à l’époque la reconnaît car elle tient une rubrique dans Elle, “Ask E. Jean”. Il l’invite sur un ton très badin à l’aider à choisir un cadeau. Au rayon lingerie, Donald Trump attrape un “sous-vêtement” et lui demande de l’essayer.
E. Jean Carroll ne s’explique toujours pas plus de 25 ans après les faits présumés comment elle a pu le suivre dans la cabine. D’après son récit, Donald Trump l’a poussée contre le mur, coincée, puis baissé son collant et l’a pénétrée avec “ses doigts dans (son) vagin”, puis avec son sexe. “Quelques minutes” qui l’ont “rendue incapable de retrouver une vie amoureuse”, a-t-elle témoigné.
Pourquoi a-t-elle mis plus de 20 ans à sortir du silence ? “J’avais peur de Donald Trump (…) J’avais honte (…) Je pensais que c’était de ma faute”.
Selon l’ancienne journaliste, Donald Trump a porté atteinte à sa réputation lorsqu’il a qualifié sa plainte de canular, de mensonge et “d’arnaque complète” sur son réseau social Truth Social, ajoutant que E. Jean Carroll n’était pas son “genre” et avait porté ces accusations uniquement pour vendre ses mémoires.
L’ancien président américain n’assiste pas au procès, qui a débuté mardi, comme il en a le droit. Il doit participer jeudi à un meeting dans le New Hampshire et ne devrait probablement pas témoigner.
Donald Trump a continué mercredi à railler les accusations portées par E. Jean Carroll sur son réseau social, décrivant l’avocat de l’ancienne journaliste comme un “agent politique” et la plainte pour viol comme “une arnaque inventée de toute pièce”. “Il s’agit d’une histoire frauduleuse et mensongère. Chasse aux sorcières !”, a-t-il écrit sur Truth Social. Le juge de district Lewis Kaplan a prévenu l’ancien président qu’il s’exposait à des poursuites s’il continuait à discuter de l’affaire.