Par Arlette Akoumou Nga
Historiquement, cet État industriel votait plutôt pour les Républicains. C’est Bill Clinton qui a créé la surprise en 1992 en remportant le Michigan pour les Démocrates. Les électeurs sont restés fidèles au parti de l’âne jusqu’en 2016, lorsqu’un certain Donald Trump a réussi à séduire les fameux cols bleus, les ouvriers de l’industrie automobile, face à une Hillary Clinton qui n’avait même pas fait campagne dans le Michigan, tant elle pensait cet État acquis.
Un traumatisme qui hante encore les Démocrates aujourd’hui. Il y a quatre ans, Joe Biden a réussi à ramener cet État dans le camp démocrate. Mais cette année, les résultats s’annoncent très serrés entre Kamala Harris et Donald Trump. Ils doivent se battre pour chaque voix, raison pour laquelle ils se déplacent régulièrement dans cet État qui compte 15 grands électeurs.
Quels groupes d’électeurs pèseront dans le scrutin ?
Deux groupes d’électeurs seront décisifs : les Afro-Américains et les Arabo-Américains. Le Michigan n’est pas seulement l’État avec la plus grande communauté arabo-musulmane du pays, il abrite également l’une des plus importantes communautés noires (la majorité des habitants de Détroit est afro-américaine). Ces deux électorats, autrefois acquis aux Démocrates, pourraient en partie leur tourner le dos cette année.
La guerre à Gaza a poussé de nombreux Arabo-Américains à prendre leurs distances avec le président Joe Biden, critiqué pour son soutien à Israël. Même si Kamala Harris affiche plus d’empathie pour les Palestiniens, il n’est pas certain que cela se traduise en votes. De même pour les Afro-Américains, qui attendent de réels engagements, notamment financiers. Ils sont souvent les plus touchés par l’inflation et la hausse du coût de la vie. Leur mobilisation sera cruciale pour Kamala Harris si elle veut remporter cet État le 5 novembre prochain. Les enquêtes l’ont montré : si Hillary Clinton a perdu le Michigan en 2016, c’est notamment à cause d’une baisse de la participation dans le comté de Wayne, qui inclut Détroit et sa banlieue. Ce n’est donc pas un hasard que l’équipe de Kamala Harris mette l’accent sur cette ville, en se focalisant sur la communautéafro-américaine.
L’économie, première préoccupation des électeurs du Michigan
Tous les sondages le montrent : l’économie reste la principale préoccupation des électeurs du Michigan, devant la qualité de vie et l’immigration. Selon un reportage publié par Npr, « les deux partis tentent de mettre l’accent sur l’économie ».
Les publicités du Parti républicain affirment que Joe Biden et Kamala Harris sont responsables de l’inflation, tandis que les messages de la vice-présidente mettent en avant les projets visant à améliorer la situation de la classe moyenne et critiquent les réductions d’impôts de l’ère Trump, jugées favorables aux plus riches. Afin de reconquérir le Michigan, Donald Trump tente, de son côté, de séduire à nouveau les cols bleus, ces ouvriers de l’industrie automobile en déclin qui avaient voté pour Joe Biden en 2020. Il a ressorti sa vieille promesse (non tenue) de 2016, en leur promettant de faire du Michigan la « capitale mondiale de la voiture ».
Séduire les ouvriers de la Rust Belt, la région industrielle du nord-est des États-Unis dont fait partie le Michigan, est aussi l’objectif de Kamala Harris, mais la tâche s’avère compliquée. La preuve : deux importants syndicats, celui des camionneurs et celui des pompiers, traditionnellement pro-démocrates, ont décidé cette année de ne pas soutenir officiellement de candidats. Comme le souligne le New Yorker, une éventuelle victoire de Kamala Harris dépend aussi de cette question : « Peut-elle empêcher les ouvriers de voter pour Donald Trump ? »