Par Joseph OLINGA N.
Une semaine après la mort d’un chauffeur camerounais par tire à bout portant, dans la localité de Boali, les autorités centrafricaines relativisent le fait et multiplient des arguments contradictoires.
Dans un communiqué rendu public, le ministre centrafricain des transports évoque ” La disparition tragique d’un chauffeur camerounais transportant des marchandises le long du corridor Garoua-Boulai-Bangui, le 18 novembre.” La même source souligne que “Les circonstances de sa mort restent à élucider.”
Dans le même temps, un rapport de la Gendarmerie nationale centrafricaine évoque “Une attaque sur un convoi Russe dont les auteurs ne sont pas identifiés.”
Alliés “Wagner”
Interpellé au sujet de l’affaire à l’origine de la grève initiée par les transporteurs camerounais, le ministre centrafricain de la défense, Claude Rameau Bireau déclare “Suite à l’incident survenu au village Bogoin, nous ne pouvons pas, pour l’instant, réagir directement aux accusations formulées par l’organisation syndicale des chauffeurs camerounais.” Le ministre centrafricain de la défense évoque d’ailleurs “des actes de violence perpétrés contre un véhicule des alliés.”
Des postures aux antipodes des témoignages recueillis auprès des témoins et usagers de cet axe reliant la frontière camerounaise à la capitale centrafricaine, Bangui. Dans les faits, transporteurs camerounais et centrafricains dénoncent les exactions commises par les patrouilles constituées de militaires centrafricains et russes sur cet axe.
Abattu à bout portant
Les transporteurs camerounais ont saisi le gouvernement à travers une correspondance. A l’unanimité, ils expliquent que leur collègue Awalou Mohamadou a été abattu à bout portant par un mercenaire de la société de sécurité russe Wagner.
Joint au téléphone, Souley, chauffeur exerçant régulièrement dans le corridor Garoua-Boulai-Bangui, indique que “Mohamadou a refusé de payer une somme forfaitaire qui lui était exigée par la patrouille.” Cette source explique qu’il est exigé au chauffeur camerounais du corridor Garoua-Boulai-Bangui le paiement d’une somme de 25 mille Francs CFA. “Il se trouve que les patrouilles installés le long du trajet entre la frontière camerounaise et Bangui exige souvent d’autres paiements. Souley leur a indiqué qu’il n’a plus d’argent à payer. Mais aussi qu’il ne connait pas le fondement du paiement qui lui est exigé.” Une réponse qui aurait mis les éléments de la patrouille en rogne.
Rançonnement et séquestration
Martin, autre chauffeur habitué de l’axe reliant la frontière camerounaise à la capitale centrafricaine, Bangui, indique que “le rançonnement des chauffeurs et commerçant sur cet axe n’est pas nouveau.” Ce conducteur de semi-remorque explique qu’il arrive qu’un véhicule soit retenu pendant des heures en cas de non paiement de la somme exigé par les différentes patrouilles.
Les abus ne sont pas seulement commis sur les camionneurs. Edwige, commerçante habituée de l’axe reliant la frontière camerounaise à la capitale centrafricaine, Bangui, explique qu’il arrive que les patrouilles s’en prennent aussi aux passagers. Les transporteurs camerounais ont engagé une grève à la frontière entre le Cameroun et la Centrafrique. Ils exigent notamment que la lumière soit faites et que les responsabilités soient clairement établies sur l’assassinat de leur collègue Awalou Mohamadou.
En sus, souligne le communiqué de l’intersyndicale Union pour le transport appelle à l’accompagnement de l’armée camerounaise. ” Nous souhaitons que l’armée camerounaise assure désormais notre sécurité jusqu’à Bangui.” Selon un Souley, chauffeur camerounais, “la majorité des chauffeurs exerçant dans le corridor Garoua-Boulai-Bangui n’accorde pas de confiance aux patrouilles des militaires de Wagner.”