Par Landry TYAGA
Le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Dixmude (L 9015), bâtiment de guerre français capable de mener des opérations de gestion de crise, de transport ou encore d’évacuation sanitaire et de soutien médical par des moyens amphibies et aéromobiles, séjourne actuellement au large des côtes camerounaises, en Afrique Centrale.
Le navire dont la capacité de transport de troupes peut atteindre les 900 soldats, est déployé dans le cadre d’une mission sécuritaire autour du golfe de Guinée, a-t-on appris de source interne à l’ambassade de France à Yaoundé, qui a dirigé, du 07 au 09 novembre 2024, l’escale au port de Kribi (Sud-Cameroun) du Dixmude, sous la conduite du capitaine de vaisseau Jocelyn Delrieu, commandant du PHA, du colonel Frédéric Edel, attaché de défense près de l’ambassade et de Thierry Marchand, ambassadeur de France au Cameroun.
L’opération Corymbe, objet du séjour dans le golfe de Guinée du navire amphibie, est mise en œuvre à la suite de l’architecture de Yaoundé, une vision régionale commune pour protéger le golfe de Guinée, issue du sommet de 1993, organisé dans la capitale camerounaise et au cours duquel les dirigeants des Communautés économiques des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et de l’Afrique centrale (Ceeac), ainsi que de la Commission du golfe de Guinée (CGG), ont posé les bases d’une stratégie régionale commune de sécurité maritime.
Le ministère français de la défense indique que
« depuis 1990, un à deux bâtiments sont déployés dans le golfe de Guinée de façon quasi permanente dans le cadre de l’opération Corymbe. En renforçant les capacités des marines riveraines, la France contribue au développement de l’architecture de Yaoundé assurant la sécurité maritime régionale. L’opération Corymbe complète le dispositif français en Afrique de l’Ouest en participant au volet maritime des coopérations opérationnelles mises en œuvre par les forces de présences. »
Le golfe de Guinée est une zone stratégique, mais dont l’équilibre est menacée. En 2021, le porte-hélicoptères amphibie Dixmude a intercepté le cargo Najlan, battant pavillon de la Fédération de Saint Christophe-et-Niévès, qui transportait six tonnes de cocaïne en direction d’Abidjan en Côte d’Ivoire. C’est à ce jour la plus importante saisie de drogue de la marine nationale française au golfe de Guinée où l’insécurité se décline également sous la forme de prises d’otages avec demande de rançons.
Interrogé en mars 2024 par Radio France Internationale (Rfi), le capitaine de vaisseau Gérard, officier en charge du Grand African Nemo pour la France, un exercice annuel mobilisant l’ensemble des partenaires régionaux sur les spectres de l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée (lutte contre la pêche illégale, piraterie, narcotrafic, pollution, sauvetage en mer ou encore sauvetage à navire en difficulté), déclarait toutefois que l’évolution des actes de piraterie a suivi une courbe décroissante : « de 130 par an entre 2012 et 2014 pour 30 seulement aujourd’hui. »
Ce résultat a été rendu possible grâce à la synergie d’action des États autour du golfe de Guinée. Il est à noter que la région concentre à elle seule un quart du trafic maritime autour du continent africain. Près de 50% de la production pétrolière du continent, soit 10% de la production mondiale, est réalisée dans le golfe de Guinée qui comprend 19 États du Sénégal à l’Angola. Cinq millions de barils de pétrole transitent ici chaque jour. La sécurisation du transport maritime dans le golfe de Guinée revêt un intérêt capital, aussi bien pour les armateurs européens que pour les États riverains, ainsi que ceux de l’hinterland.