Avec Benjamin Zebaze
Une semaine après son ordonnance controversée, interdisant tout débat autour de la santé du chef de l’État camerounais, le ministre de l’Administration territoriale est dans la tourmente. Il pourrait faire les frais d’un recadrage du gouvernement et des services de la présidence.
Était-ce le communiqué de trop ? Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, est un habitué des déclarations controversées, ce qui lui vaut de fréquentes critiques. Mais, cette fois, peut-être est-il allé trop loin en produisant, le 8 octobre dernier, une circulaire aux préfets interdisant dans les médias du Cameroun tout débat sur la santé du président Paul Biya. Braquant de ce fait les projecteurs sur les rumeurs de décès de ce dernier, le ministre a rapidement subi les foudres d’une partie de l’entourage du chef de l’État.
Paul Biya a même instruit son Premier ministre, Joseph Dion Ngute, afin que celui-ci recadre Paul Atanga Nji et lui rappelle que le gouvernement ne doit théoriquement s’exprimer que par la voix de René-Emmanuel Sadi, son porte-parole et ministre de la Communication, tandis que la communication de la présidence est du ressort du cabinet civil dirigé par Samuel Mvondo Ayolo. Sans que sa circulaire ait été annulée, le ministre de l’Administration territoriale a donc été, discrètement certes, désavoué. Ferdinand Ngoh Ngoh aussi fragilisé. Paul Atanga Nji n’est pas le seul visé. S’il s’est autorisé à prononcer une telle interdiction, c’est qu’il a estimé agir en vertu des ordonnances prises par le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, son principal allié et soutien au sein du gouvernement en tant que ministre d’État.
Or, Ferdinand Ngoh Ngoh, qui a pris l’habitude d’avoir la haute main sur les affaires, en particulier en l’absence du chef de l’État, dont il se targue d’appliquer les hautes instructions, s’est, lui aussi, vu reprocher sa gestion de l’absence de Paul Biya.
Le président camerounais a demandé au Premier ministre, Joseph Dion Ngute, de reprendre la main sur le gouvernement, au détriment de Ferdinand Ngoh Ngoh, dont l’influence jugée excessive est de plus en plus contestée. « Aucun ministre n’est [d’ailleurs] autorisé à se déplacer actuellement hors du Cameroun, sans l’autorisation [formelle] de Dion Ngute », nous confie une source proche de la présidence. Paul Atanga Nji a lui-même dû annuler un séjour prévu dans les prochains jours dans le nord-ouest du pays, où sévit le conflit avec les indépendantistes ambazoniens, sur ordre du Premier ministre une nouvelle est parvenue à son ministère.
En effet, au début de la semaine, il a été informé qu’un audit du Contrôle supérieur de l’État (Consupe) avait été ordonné par le chef de l’État pour examiner la gestion de l’Administration territoriale, notamment l’utilisation des fonds liés au Covid-19. Paul Atanga Nji a affirmé s’y prêter de bonne grâce, en espérant que les vents contraires ne dureront pas.