Par Serge Aimé BIKOI
Edouard Essouma et Charles René Koung, respectivement président du Syndicat national des enseignants du Cameroun (Synecam) et président du Syndicat national des instituteurs contractuels et maîtres des parents (Snicomp), co-signataires de cette correspondance, expliquent leur exaspération parce que ce projet de loi met en péril le bien-être des seigneurs de la craie, qui vivent déjà dans des conditions précaires au Cameroun. Pour ces deux leaders syndicaux, “les enseignants déjà confrontés à des conditions de travail difficiles, voient leurs efforts quotidiennement remis en question par des réformes qui ne prennent pas en compte leurs besoins essentiels”.
Les deux leaders syndicaux ajoutent que les salaires des enseignants, qui sont souvent en deçà de ce que mérite leur engagement et leur dévouement, risquent ainsi d’être, de nouveau, réduits. Toute chose qui participe à accroître encore plus leurs difficultés financières. Des syndicalistes ulcérés tiennent à rappeler que l’éducation est le fondement de la société et que en pénalisant ceux qui transmettent le savoir et forment les générations futures, le gouvernement camerounais opte, manifestement, pour la fragilisation du système éducatif. De plus, cet état de choses participe à saper les efforts du président de la République, dont le dessein est, disent-ils, “de soulager les souffrances des fonctionnaires et agents de l’État face à la vie chère”.
Par conséquent, E. Essouma et C.R. Koung demandent, purement et simplement, le rejet du projet de loi portant réforme de la fiscalité locale. Aussi appellent-ils à un dialogue constructif qui prendra en considération la voix de tous les Camerounais en général et celle des enseignants en particulier afin de garantir des conditions de travail dignes et des salaires équitables pour tous ainsi qu’ils le réclament dans le statut spécial soumis à l’appréciation du gouvernement, qui n’y a toujours pas répondu jusqu’à ce jour.
En rappel, dans le projet de loi portant réforme de la fiscalité locale en cours d’examen à l’Assemblée nationale, il y a la “taxe de développement local”, qui sera prélevée sur les salaires des travailleurs des secteurs public et privé. Des travailleurs qui perçoivent, par exemple, un salaire de base mensuel compris entre 75.000 et 100.000 Fcfa verront une somme de 6.000 Fcfa retenue par an alors que ceux qui ont un salaire de base mensuel compris entre 300.000 et 500.000 Fcfa verront une somme de 27.000 Fcfa retirée chaque année. Il s’agit, juste, de quelques exemples des salaires des travailleurs. Cette taxe de développement local, indique la mouture de ce projet de loi, sera perçue en contrepartie des services et prestations rendus aux populations, notamment l’éclairage public, l’assainissement et l’enlèvement des ordures ménagères, le fonctionnement des ambulances, l’adduction d’eau et d’électrification.