Par Léopold DASSI NDJIDJOU
« Toute tentative d’organiser une quelconque activité sous les appellations susmentionnées « Alliance pour le changement » et « Alliance pour une transition politique au Cameroun » ou toute autres dénominations de même type en création, sera désormais considéré comme un casus belli par le Minat », flingue sans état d’âme Paul Atanga Nji qui dans la foulée recommande aux gouverneurs de région de veiller à la stricte application de ses directives. L’expression « Casus belli », entendez une cause de guerre, est employée pour signifier de toute évidence l’état d’esprit dans lequel se trouve le patron de l’Administration camerounaise. Le langage du Minat est ferme, incisif et irréparable.
« N’ayant aucune existence légale, ces mouvements clandestins ne peuvent mener aucune activité politique sur toute l’étendue du territoire national »,
assène-t-il sentencieusement sans autre forme de procès.
Il a bien entendu ouvert son communiqué en indiquant que depuis bientôt trois mois, certains responsables politiques en quête de notoriété et au mépris des textes en vigueur, ont mis sur pied deux pseudos associations dénommées « Alliance pour le changement » et « Alliance pour une transition politique au Cameroun », dans la perspective de l’élection présidentielle de 2025.
« Malgré le caractère illégal de ces mouvements, leurs promoteurs tiennent des réunions, des conférences de presse et des concertations dans l’optique de recruter de nouveaux adhérents »,
indique-t-il pour laisser comprendre qu’il y a un bail que ces deux alliances sont en ligne de mire.
Suite à cette sortie va-t-en guerre du Minat, les réactions de toutes sortes fusent et moquent une violation flagrante de la loi.
Réactions :
Jean Michel Nintcheu, Cadre de l’Apc
« Paul Atanga Nji ne sait pas de quoi il parle ! »
« Je ne peux encore rien dire de manière formelle au nom de l’Apc car il me faut consulter les autres entités de l’Alliance. En tant que président du Fcc, je peux vous dire que le Minat a la phobie de l’Apc. Je suis étonné par le communiqué. Paul Atanga Nji ne sait pas de quoi il parle ! Il y a toujours eu dans ce pays des regroupements des partis politiques sans qu’on ait besoin de recourir à une quelconque légalisation pour le faire. Je vais ici citer l’Union pour le changement, le Front des alliances pour le changement, la Plateforme des sept partis de l’opposition et bien d’autres. Je ne comprends pas cette excitation du ministre ! Ce regroupement est valable dans toutes les démocraties du monde. Ainsi en France par exemple, il y a la Nupes récemment, la Gauche plurielle et bien d’autres. En ce qui concerne la visite que j’ai rendue à Ayuk Tabe en prison, je ne vois pas en quoi cela pose un problème au Minat. Dans un Etat de droit, tout prisonnier quelle que soit la cause de sa condamnation, a droit à des visites. Bien plus, je ne suis pas entré à Kondengui par effraction ou avec un drone. Atanga Nji a peur de l’Apc. Nous allons continuer sereinement nos activités. Il doit savoir que l’Apc ne regroupe pas seulement les partis politiques. Il y a aussi les chefs traditionnels, les religieux, les universitaires, les Organisations de la société civile et bien d’autres.
Rolande Ngo Issi Mbock, entrepreneure politique cabraliste
« Sachez que vos ultimatums à la ridicule n’enlèvent rien à la dynamique qui s’est déjà mise en branle”
« Du haut de mes petites années d’existence je n’ai jamais vu des ministres de la République aussi nuls et imbus comme ceux de mon pays et en occurrence l’actuel Minat. Alors Monsieur le ministre il faudrait peut-être vous rappeler que le Cameroun n’est pas un pays isolé du monde, que la Constitution est la norme fondamentale, la norme des normes, que les lois qui sont votées au Parlement et mises à votre disposition (gouvernement) pour leur implémentation vous échappent visiblement dans leurs contextes et leurs objectifs, notamment celles portant sur les activités des partis politiques. Mais permettez-moi de vous rappeler que votre rôle, en qualité de Minat, n’est pas de dicter aux partis politiques ce qu’ils doivent faire car ce sont des entités qui ont un fonctionnement spécifique et en conformité avec la loi. Il faudrait peut-être vous rappeler que l’existence, mieux la raison d’être d’un parti politique, est la quête et la conquête du pouvoir jusqu’à son exercice. De ce qui précède, sachez que vos ultimatums à la ridicule n’enlèvent rien à la dynamique qui s’est déjà mise en branle, si vous tenez tant à rester au pouvoir, travaillez plutôt à ramener la majorité des Camerounais à vous faire davantage confiance pour d’autres mandats, Monsieur le Minat, arrêtez de nous polluer l’environnement politique. De qui tenez-vous cette médiocrité ? Le Cameroun n’est pas le quartier ou votre ménage. Souvenez-vous de cela avant de pondre vos communiqués qui n’honorent pas la République au regard des responsabilités que vous occupez. Vous lire suffit même à fonder l’urgence d’une nouvelle classe dirigeante sur des bases institutionnelles alternatives ».
Alice Sadio, femme politique
« Le G20 en 2018, était-ce une association dûment légalisée ? »
« Yowaaaaah ! Je demande qu’hein ? Tonton Paul Atanga Nji, de m’expliquer pardon ! La coalition des Jean de Dieu Momo en soutien à la candidature de Paul Biya en 2018 là, était-ce une association dûment légalisée ? Ça s’appelait le G20 je crois.. Je viens en paix hein… PS: On s’en va comme ça prendre le pouvoir par les urnes et dans la paix.
Yahya Bello Dalailou, militant du Pcrn
« Pourquoi abusez-vous autant des camerounais ? »
« Tonton Atango, quel texte de loi interdit aux partis politiques de travailler ensemble sous la bannière des coalitions ? Peut-on interdire ce qui ne l’est pas au regard de la loi? Le Rdpc, parti au pouvoir, gouverne avec des alliés (tels que l’Undp, le Fsnc, le G20, etc..) serait-il aussi dans l’illégalité ? Comment appelle-t-on cette forme de collaboration : n’est-ce pas aussi une coalition ?! Pourquoi abusez-vous autant des camerounais ? Après la pagaille que vous avez semée pour disloquer l’Upc, après le désordre que vous avez créé au Pcrn, maintenant vous voulez carrément museler les partis politiques de l’opposition qui sont dans une dynamique prometteuse ! L’histoire est lente, l’histoire est en marche, vous n’allez pas l’arrêter. »