Par Joseph OLINGA N.
Assis à même le sol, vêtu d’un slip et d’un sous-vêtement, l’artiste camerounais Longue Longue a les pieds coincés dans une chaise. Ses jambes sont maintenues au sol par des pieds des personnes identifiées comme faisant partie des hommes en tenue faisant partie des forces armées camerounaises. Pendant que ses plantes de pieds reçoivent des coups de manchettes (employés comme matraque), une voix lui demande le commanditaire de ses prises de positions au sujet de l’élection au cours de laquelle le chef de l’État sortant, Paul Biya vient d’être déclaré vainqueur.
La vidéo authentifiée par Panorama Papers est tournée dans les locaux de la Sécurité militaire (Semil). Joints au téléphone, les proches de l’artiste précisent que la séance de torture qui a fuité sur les réseaux sociaux date de l’année 2019. Quelques temps après des interpellations des militants et sympathisants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc). Arrestations qui seront suivies de celle du président national du Mrc, Maurice Kamto dont le parti a été déclaré deuxième au terme de cette élection.
Dans le vent de contestations qui a suivi la proclamation de l’élection présidentielle d’octobre 2018, l’artiste Longue Longue de son patronyme Simon Agno Longkana est interpellé sans mandat, puis condui dans les locaux de la Semil. Quelques jours avant, l’artiste dont l’engagement contre les injustices est de notoriété avait soutenu dans une vidéo devenue virale que
“Maurice Kamto a gagné l’élection. Il a tapé Paul Biya et vous avez volez ces élections.”
Raison pour laquelle, soutiennent ses proches, il a été torturé sur les ordres d’un officier de l’armée camerounaise dont l’identité a été révélé à Panorama Papers.
Au Cameroun, l’affaire fait des émules au sein de l’opinion. D’autant que l’artiste avait confié avoir subi des tortures sans que l’opinion n’y accorde une oreille attentive.