Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Une séance d’explications avec le ministère d’État, ministre secrétaire général â la présidence de la République (Sgpr), Ferdinand Ngoh Ngoh, son proche collaborateur à Etoudi. Il tenait visiblement à doucher toutes les médisances qui l’ont à défaut de l’envoyer sous terre comme en 2004, dépeint comme fini, usé par la maladie. Ce 21 octobre, il n’a pas lancé comme on s’attendait, une pique de railleries à l’endroit de ceux qui sont empressés de participer à ses obsèques. Par la vigueur dans la gestuelle au cours des échanges avec le Sgpr, le message est passé sans un seul mot prononcé. Les diseurs de nouvelles, les lanceurs d’alerte lancés dans la course contre la montre pour la primeur des annonces pour certains, les médias étrangers peu ou prou de bonne ou de mauvaise foi pour d’autres, chacun rumine à satiété le flop ses œuvres pour évaluer jusqu’où il a perdu la face dans la sordide affaire. Oui, Paul Biya n’est pas mort, il pète la forme avec l’âge qui est le sein, il dit haut et fort qu’il est là, prêt à en découdre certainement en 2025. Pour autant, comment en est-on arrivé là ? Et si cela avait été vrai, au regard des menaces qui ont pesé sur la vie nationale pendant ces jours d’incertitudes, où en serait le Cameroun aujourd’hui ? Au-delà de la douleur du deuil, qu’est-ce qui aurait été un obstacle au bon fonctionnement des institutions si Paul Biya s’en était allé? L’adage, “à quelque chose malheur est bon”, devrait inspirer le peuple camerounais, la Nation toute entière, à réfléchir sur l’urgence de réaménager ou de régler quelques mécanismes. Une presse a titré cette semaine que le président de la République est parti avec la clé et le cadenas, traduisant toute la difficulté auquel le pays aurait face si la rumeur avait été une réalité. Les points chauds comme la constatation de la vacance, le temps constitutif de la vacance, empêchement définitif, l’empêchement et autres noyions dans le texte fondamental se doivent d’être clarifiés. On a dit tant de choses, tant de choses confuses et étonnantes.
Paul Biya n’est-il pas le choix des Camerounais pour qu’on interdise au souverain de s’interroger sur son état de santé ? Est-ce que la maladie est un délit ou un crime ? Le chef de l’Etat camerounais, à son âge peut avoir des bobos régulièrement. Est-ce pour cela qu’il serait inapte à la fonction ? Bien plus encore, il est important de communiquer sur les déplacements du chef de l’Etat, non pas parce que le peuple s’en inquiète, mais parce qu’il est de son droit de savoir où est celui qu’il a choisi par le représenter, celui à qui il a transmis son pouvoir souverain. Tout le ramdam médiatique ubuesque sur Paul Biya et par ricochet sur le Cameroun, a inquiété et continue de stresser. Il y a lieu d’opérer des réglages constitutionnels pour besoin de clarté.
Maintenant qu’il est là, en chair et en os, que diront les médias et lanceurs d’alertes qui l’ont annoncé pour mort? Ils sont pour l’essentiel à l’extérieur du pays, et suggèrent en filigrane à défaut pour eux de regarder dans un miroir, que les Camerounais, suite à ce scénario catastrophe, aient la lucidité après avoir retrouvé leur souffle, de se dire: et si cela avait été vrai ! Si effectivement cela était arrivé, que serions-nous en tant que pays et Nation à l’heure qu’il est ? L’unique certitude est qu’une vielle boîte de pandore aurait été ouverte et des esprits les plus mauvais et méchants auraient à coup sûr sauté sur les Camerounais pour leur faire voir de toutes les couleurs, de toutes les acidités et de toutes les cruautés. Dieu merci, Popaul est rentré !