Par Serge Aimé Bikoi et Joakim Ipela
Des syndicalistes membres de l’International de l’éducation ont offert un déjeuner de presse hier (vendredi, 4 octobre 2024) à Yaoundé. Il était, entre autres, question de présenter aux hommes et femmes de médias l’état de lieux du financement de l’éducation, de la privatisation et de la marchandisation de l’éducation au Cameroun. Des théoriciens et praticiens de l’éducation nous ont, par exemple, démontré que entre 2012 et 2013, la région de l’Ouest a dépensé, en termes de frais d’Ape(Association des parents d’élèves), la somme de plus d’un milliard de Fcfa alors qu’en 2017, cette somme s’est élevée à quatre milliards de Fcfa. Relativement à la privatisation du secteur de l’éducation, l’Internationale de l’éducation démontre que la stratégie machiavélique orchestrée consiste à réduire les budgets et à augmenter la quantité du travail. Toute chose qui entraîne une incidence sur la qualité des travailleurs.
Le dessein consiste donc à générer les fonds aux promoteurs des établissements scolaires, mais au demeurant, l’on assiste à la dévaluation et à la dévalorisation de l’éducation dans le secteur public.
Il s’est agi, dans la même veine, de présenter à la presse les contours de la campagne “La force du public: Ensemble on fait école!” telle qu’elle est menée au Cameroun. En effet, c’est le 24 janvier 2023 que l’Internationale de l’Education a lancé une campagne mondiale pour financer l’enseignement public et la profession enseignante. C’est dans cette optique que cette campagne s’est donnée pour mission de soutenir les organisations membres de l’Internationale de l’Education dans leur lutte contre les coupes budgétaires, l’austérité et la privatisation, ainsi que dans leurs efforts pour construire des systèmes éducatifs publics inclusifs et de qualité.
C’est ainsi que, l’Internationale de l’Education lance sa nouvelle campagne de mobilisation au niveau local, national, régional et mondial afin de dissuader les gouvernements de débloquer le financement pour l’éducation. Question de garantir le droit de chaque élève à un enseignant qualifié et à un environnement d’apprentissage de qualité. Car le contexte est inquiétant, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud souffrent d’un manque criard d’enseignents.
Selon les estimations de l’Unesco, le monde a besoin de 69 millions d’enseignants supplémentaires pour parvenir à l’enseignement primaire et secondaire universel. Et le mal ne s’arrête pas là, les recherches de l’Internationale de l’Education mettent en évidence des enseignants de plus en plus surmenés, sous payés et sous évalués. Avec un taux de démission qui monte de manière fulgurante. L’enseignement ne suscite plus de vocation, car toujours selon ces recherches, le nombre de personnes souhaitant rejoindre la profession d’enseignante est en forte baisse.
Face à ce plaidoyer, des membres de l’Internationale de l’éducation lancent un appel urgent au gouvernement à investir dans l’enseignement public, à investir davantage sur les enseignants afin de garantir l’application du droit du travail et assurer des conditions de travail décentes et les salaires compétitifs.
Dans la même veine, les syndicats d’enseignants du Cameroun membres de l’Internationale de l’Education sont en campagne depuis 2023 et utilisent toutes les ressources et tous les supports pour porter cette campagne auprès des autorités de l’éducation et de l’Etat et des personnalités politiques au pouvoir et dans l’opposition des enseignants et des parents d’élèves, de toutes les parties prenantes de l’éducation. Pour une éducation beaucoup plus inclusive.
