Avec Jeune Afrique
Après un périple de quarante-neuf jours en dehors du Cameroun, le chef de l’État, Paul Biya, accompagné de son épouse, la première dame, Chantal Biya, est finalement rentré à Yaoundé ce 21 octobre, en fin de journée. Mais, dans la suite officielle, une personne a brillé par son absence à l’aéroport de la capitale camerounaise : le contre-amiral Joseph Fouda, conseiller spécial du président, un homme pourtant habituellement présent dans tous les déplacements officiels.
« Le président te demande de rentrer l’attendre au
Cameroun »
Serait-il tombé en défaveur ? Selon nos informations, Joseph Fouda paie en effet le fait d’avoir été impliqué dans l’affaire dite Hervé Parfait Mbapou, du nom d’un Camerounais accusé d’avoir mis sur pied un vaste scandale d’escroquerie dont les ramifications s’étendent jusqu’au sommet de l’État. Mbapou, figure bien connue des hautes sphères, est soupçonné d’avoir extorqué des sommes d’argent à des personnalités, en se servant notamment de l’identité de Joseph Fouda.
Le conseiller spécial était-il complice ou victime de ce réseau Mbapou ? Les investigations sont en cours, bien que Mbapou et ses présumés complices aient été remis en liberté en attendant un éventuel procès. Parmi les personnalités ayant été interpellées figure toutefois Judith Marionne Nyandjock, cousine de l’intendant adjoint du palais présidentiel, Cléopasse Medoulou… et surtout, fille de la gouvernante de Chantal Biya. Cette dernière est intervenue pour obtenir sa libération, effective le 20 septembre dernier.
Depuis Genève – où elle séjournait aux côtés de son époux, Paul Biya –, la première dame s’est en effet mobilisée pour obtenir que sa protégée soit relâchée, notamment en admonestant directement Joseph Fouda, lui aussi présent sur les rives du lac Léman. Chantal Biya et le contre-amiral ont, selon nos sources, eu une vive altercation à l’hôtel InterContinental de Genève, la première exigeant la libération de « [sa] fille », tandis que le second refusait de transmettre l’ordre.
Quelques heures plus tard, la première dame est revenue à la charge. Et, après avoir obtenu la libération de celle qu’elle considère comme sa nièce, Chantal Biya a expliqué à Joseph Fouda que celui-ci n’était plus le bienvenu en Suisse et que « le président [lui demandait] de rentrer l’attendre au Cameroun ». Le contre-amiral a alors été contraint de rentrer au pays, où, selon nos sources, son bureau à la présidence de la République a été vidé et ses accès à son espace de travail, restreints.
Depuis, le conseiller du chef de l’État est resté enfermé à son domicile, raison pour laquelle il n’était pas à la cérémonie d’accueil du président Paul Biya ce 21 octobre. A-t-il payé son altercation avec Chantal Biya d’une disgrâce ? Récemment, un enregistrement audio dans lequel il s’adresserait à Hervé Parfait Mbapou avait fuité sur les réseaux sociaux.
Dans ce document non authentifié, les deux interlocuteurs critiquaient notamment la mainmise de la première dame sur le pouvoir.