Par Léopold DASSI NDJIDJOU
S’exprimant sur la participation des femmes au processus électoral, elle a affirmé qu’il s’agissait d’une préoccupation qui devrait concerner tous les acteurs. « Les femmes sont les plus nombreuses dans notre pays et c’est prouvé. Plus de 51 % de la population. Les femmes sont les plus mobilisées, les plus organisées. Du point de vue démocratique, les femmes devraient être celles-là qui décident au Cameroun », assène-t-elle avant de concéder que la réalité est toute autre. Selon les données d’Elecam sur le fichier électoral épuré à jour, les inscrits s’élèvent à 7 739 815 (sept millions sept cent trente-neuf mille huit cent quinze), soit une augmentation de 377 940 (trois cent soixante-dix-sept mille neuf cent quarante) nouveaux électeurs. Ce registre comprend 3 591 995 (trois millions cinq cent quatre-vingt-onze mille neuf cent quatre-vingt-quinze) femmes. Malheureusement, déplore-t-elle, on se rend compte que le nombre des femmes ne correspond pas à la démographie féminine. Bien plus, si au 31 août 2024, environ 755 085 nouveaux électeurs ont été inscrits, les femmes sont seulement au nombre de 311 815. Un nombre dérisoire dont le leader de l’Udc explicite quelques causes.
« Les femmes n’ont pas de Cni. Le processus d’obtention de la Cni au Cameroun reste un parcours de combattant. Les femmes n’ont pas assez de moyens, physiques, financiers et humains parce qu’elles sont prises par les charges domestiques ou champêtres. Elles n’ont pas le temps matériel dans l’ensemble pour s’inscrire. C’est injuste »,
regrette-t-elle !
Elle ajoute que plus les femmes sont écartées de la prise de décision, moins le pays se porte mieux et d’enchaîner que les pays qui sont les plus développés sont ceux où l’égalité du genre est une réalité.
« Il faut qu’au Cameroun, on puisse faire très attention. La femme est le socle de la famille. C’est l’acteur principal au Cameroun. Et tant qu’elle sera mise de côté, on ne pourra pas parler de démocratie. Elles sont les plus nombreuses. Il faut que les femmes puissent être détentrices de leurs droits. Je pense à la protection de la famille. Les femmes doivent avoir un Code qui les protège. Les femmes sont victimes de sexisme »,
lâche-t-elle à cet effet.
Même dans le cadre familial, réitère-t-elle, il faudrait qu’il y ait des lois qui protègent les femmes. On ne parle pas de discrimination mais d’égalité de droit de la part de celles-là qui sont victimes de la discrimination.
« Nous n’avons pas un Code de la famille et les femmes sont celles qui sont les plus marginalisées du fait de l’absence de ce Code »,
soutient-elle par ailleurs.
Pour finir, elle précise que près de 75% marginalisées vivent dans les zones rurales. Par ailleurs, ces localités rurales sont difficiles d’accès, et les conditions de vie ne permettent pas à ces 75% de femmes
« de se lever, prendre une voiture, pour aller s’inscrire dans les antennes d’Elecam. Il faut que cette situation soit sérieusement prise en compte au Cameroun »,
conclut-elle.
Pour être davantage explicite sur la question, la réalité conforte les propos de la femme politique. Au Cameroun, sur 10 gouverneurs et présidents des Conseils régionaux, il n’y a aucune femme ; aucune femme n’est générale au sein des Force de Défense et de sécurité ; jamais femme n’a été cheffe du gouvernement au Cameroun ou à la tête d’une institution politique comme par exemple au Gabon voisin.
Au sein de la chefferie traditionnelle, il s’agit d’un autre univers dont les forteresses sont dressées contre les femmes. Soulever la question de sexisme politique au Cameroun est un débat qui tarde à s’inviter de manière lucide au sein de l’opinion publique à la veille du nouveau cycle électoral.