Par Serge Aimé BIKOI
Quelques jours seulement après le message porté du secrétaire d’État à la défense en charge de la gendarmerie nationale mettant en garde ses collaborateurs contre leurs actes de torture et autres abus, quelques jours aussi après la publication du rapport accablant du comité contre la torture de l’Organisation des Nations unies (Onu) sur le Cameroun, Me Richard Tamfu a été humilié, molesté et torturé par des hommes en tenue du groupement de gendarmerie de la ville de Douala hier(mercredi, 27 novembre 2024) alors qu’il était dans l’exercice de ses fonctions. Pour le président national du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn), “la dictature a encore frappé”. Cabral Libii Li Ngue Ngue se pose, de prime abord, la question de savoir “comment un homme en tenue peut piétiner, avec autant de violence, un avocat qui crie qu’on appuie son cou”. Son crime: être allé défendre sa cliente, qui faisait l’objet d’arrestation sans convocation préalable et sans mandat ordonné par un procureur de la République. Ulcéré, le président national du Pcrn fustige ce qu’il appelle “les intouchables de la République qui, du haut de leurs hautes fonctions, piétinent les lois, humilient des citoyens et violentent qui ils veulent”. Cet état de choses, conclut-il, “vulgarise et généralise les comportements d’anarchie et la bestialité”.
Lui aussi exaspéré, Maurice Kamto soutient que cet acte en dit long sur la formation des éléments du maintien de l’ordre et des officiers de police judiciaire au Cameroun, ainsi que sur l’incapacité ou le refus des magistrats en charge d’encadrer le travail de ces derniers. Question de leur permettre d’accomplir efficacement leurs missions. Le président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), qui rappelle que des centaines de militants et sympathisants sont victimes de tortures et d’autres traitements cruels, dégradants et inhumains depuis l’élection présidentielle de 2018, exige que des gendarmes, auteurs de ces actes de barbarie insoutenables contre R. Tamfu, soient sévèrement punis. L’homme politique appelle le Secrétaire d’État à la défense en charge de la gendarmerie nationale à aller au-delà des messages portés et à agir, sans délai, pour mettre un terme à ces “pratiques inqualifiables” qui menacent désormais la paix sociale au Cameroun.
Le président national du Social democratic front (Sdf), Joshua Osih, condamne, dans la même veine, “cette violence et cette attitude de barbarie répétée que rien ne peut justifier”. “Tout en demandant que des sanctions exemplaires soient sans délai, prises à l’encontre des auteurs de cette sauvagerie du Moyen-âge par la haute hiérarchie de la gendarmerie nationale, le Sdf se tient également aux côtés de Me Tamfu à qui nous souhaitons un prompt rétablissement et de l’ensemble du barreau du Cameroun pour que justice soit rendue!”, conclut le chairman, J. Osih.
En rappel, le colonel Bikele, commandant de la légion de gendarmerie du Littoral, a rendu visite à R. Tamfu, interné à l’hôpital Laquintini. Question de lui présenter ses excuses. Cette visite intervient quelques instants après cet incident impliquant ces hommes en tenue ayant manifestement transgressé la loi.