Avec Maître Essama Yannick, avocat des mineurs incarcérés
Messieurs TANGA NOMO Joseph Ulrich, ESSENGUE MBASSI François et NTUIKUE NJOUMENI Patrick Wilfried tous mineurs âgés de 19 à 20 ans ont été interpelés le 1er février 2024 à Yaoundé et conduit au Service Central des Recherches Judiciaires (SCRJ), un service spécialisé de la Direction de l’emploi et des structures, laquelle relève elle-même de la Direction Centrale de la Coordination à la Gendarmerie Nationale.
Ils y ont été tabassés à l’aide de machettes, puis auditionnés jusqu’à très tard dans la nuit, sans l’assistance d’un conseil, sur des faits allégués de viol et complicité tels que décrits dans une plainte de la nommée NGA ELOUNDOU E Carole, étudiante en première année à l’université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC), des faits qui se seraient déroulés dans l’après-midi du 18 décembre 2023 au domicile familiale de TANGA NOMO Joseph Ulrich son ex petit ami.
Ce n’est que le lendemain que les suspects ont eu accès à un Avocat à l’occasion de la confrontation avec la plaignante et son témoin la nommée ZE Anne, également étudiante à l’université Catholique d’Afrique Centrale, et mineure de moins de 21 ans comme sa copine.
Tout au long de leur audition, les suspects ont subi toutes sortes de pressions et sévices morales des enquêteurs qui ont usé de moult stratagèmes pour leur extorquer des aveux alors qu’ils n’avaient de cesse de clamer leur innocence, sous le regard impuissant de leur conseil violemment pris à partie par les enquêteurs pour avoir demandé des conditions d’audition plus humaines de ses clients et un traitement équitable des parties, vu que tout au long des auditions la plaignante et son témoin avaient accès à leurs téléphones portables qu’elles utilisaient librement pour communiquer et chatter sur les réseaux sociaux avec leurs camarades et amis ; Un traitement de faveur qu’elles doivent à la filiation de Mlle NGA ELOUNDOU Carole qui est la fille du Colonel ELOUNDOU Mesmin Magloire Aristide, Adjoint au Directeur Central de la Coordination à la Gendarmerie Nationale cumulativement avec ses fonctions de Directeur de l’emploi et des structures et actuel Directeur Général Adjoint de la DGRE (Direction Générale de la Recherche Extérieure) le service de renseignements et de contre-espionnage camerounais.
En effet, le Service Central des Recherches Judicaires est à divers niveaux placé sous l’autorité de cet Officier Supérieur de Gendarmerie, d’abord parce que le SCRJ qui a à sa tête le Chef d’Escadron BIALO Dieudonné relève de la Direction de l’Emploi et des Structures placée sous l’autorité du Colonel ELOUNDOU Mesmin Magloire Aristide, Direction qui est elle-même logée à la Direction Centrale de la Coordination où ce dernier occupe les fonctions d’Adjoint au Directeur Central de Coordination.
Après 7 (sept) jours de garde à vue dans les cellules du SCRJ, le 08 février 2024 les suspects ont été déférés au parquet du Tribunal de Grande Instance du Mfoundi à Yaoundé. Leur conseil a saisi à cet effet Monsieur le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi d’une requête par laquelle il faisait part à cette autorité judiciaire de son inquiétude sur l’impossible indépendance du SCRJ dans cette enquête préliminaire qui impliquait la fille d’un de ses « chefs », et par laquelle il sollicitait que l’enquête soit confiée à une unité de police qui ne présente a priori aucun lien de subordination avec le Secrétariat d’État à la Défense Chargé de la Gendarmerie Nationale..
Cette demande a purement été envoyé aux oubliettes, puisque le même jour, un soit fait retour (SFR) pour complément d’enquête instruisait au SCRJ d’interpeller le sieur ANANGA ANGONI Philémon et de le confronter aux autres suspects.
Le 10 février 2024, le nommé ANANGA ANGONI Philémon Jonathan Legrand, étudiant âgé de 19 ans a été appréhendé par les éléments du SCRJ et auditionné nuitamment sans l’assistance d’un conseil ni la présence de ses parents puis gardé à vue au SCRJ.
Le 12 février 2024 vers 11H30, tous les suspects ont été conduits au bureau du Chef d’Escadron BIALO Dieudonné, Chef du Service Central des Recherches Judicaires, en vue de leur confrontation avec la victime qui allait cette fois déposé en l’absence de son témoin ZE Anne.
Pendant 4 (quatre) heures d’horloge et sans interruption ni pause, les suspects ont été « cuisinés » et « pressés » par le Chef d’escadron en personne, qui a tenté toutes sortes de ruses et menaces pour leur extorquer des aveux, mais en vain.
Ce sont des suspects épuisés, assoiffés, affamés et somnolant sur leurs chaises qui vont commencer à présenter des signes de confusion, perdant peu à peu toute lucidité.
C’est dans ce contexte que leur Avocat a sollicité du Lieutenant-Colonel BIALO Dieudonné une pause qui permettrait à ces enfants de boire un peu d’eau et de reprendre des forces. Non seulement une fin de non-recevoir lui a été opposée, mais il a en plus été pris à partie par l’Officier Supérieur de Gendarmerie qui l’a violemment menacé, lui interdisant de prendre la parole dans son bureau au risque d’en être expulsé manu militari et lui indiquant qu’il pouvait d’ailleurs auditionner les suspects sans l’assistance d’un conseil même s’ils en ont un.
Devant la furie de son interlocuteur qui tenait à le bâilloner alors que les conditions d’audition des suspects devenaient inhumaines, l’Avocat s’est tu jusqu’à la fin de l’audition et a néanmoins porté ses réserves sur les 11 feuillets du procès-verbal d’enquête préliminaire en indiquant à chaque qu’il refusait de signer en raison des intimidations répétées, menaces, menaces sous conditions et injures proférées contre sa personne et en raison des conditions d’audition inhumaines des suspects.
C’est après avoir pris connaissance desdites réserves que le Chef d’Escadron BIALO Dieudonné s’en est pris à l’Avocat avec véhémence en l’insultant et en le traitant de tous les noms d’oiseaux lugubres, le pressant de se mettre à la porte non sans l’avoir menacé de le « gerer autrement », toute chose que l’Avocat a considéré comme des menaces d’atteinte à sa vie et l’a fait savoir à son interlocuteur qui n’a malgré cela pas arrêté son escalade sous le regard surpris des personnes présentes dans le bureau.
Le 13 février 2024 les suspects ont été retournés au Parquet du Tribunal de Grande Instance du Mfoundi à Yaoundé, où ils ont été renvoyés en information judiciaire devant le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi.
Le 14 février 2024, ils ont été reçus à 22 heures par le Juge d’Instruction Madame ATIBIA ELOUMOU Georgette épouse BOMONO qui les a inculpé d’outrage à la pudeur sur une personne mineure de 16 à 21 ans suivi de viol, et placé contre toute attente en détention provisoire à la Prison Centrale de KONDENGUI.