Par Sandra Embollo avec Afp
Vendredi 1ᵉʳ novembre, « trois unités militaires ont été attaquées par des groupes irréguliers dans la zone de Chapare, dans le département de Cochabamba, prenant en otage plus de deux cents militaires », a déclaré le ministère dans un communiqué. Ils se sont également « emparés d’armes de guerre et de munitions », a ajouté le ministère.
Dans la même région, le gouvernement bolivien a envoyé l’armée pour aider la police à dégager les routes bloquées par les partisans de Evo Morales.
Dans un premier temps, il avait été officiellement fait état de l’occupation de la caserne d’un régiment par des manifestants vendredi à Cochabamba. Une source de la Défense avait alors fait état auprès de l’Afp d’une « vingtaine » de militaires retenus. Dans une vidéo, diffusée par la presse locale et confirmée par cette source, on voyait 16 soldats entourés de paysans brandissant des bâtons pointus. « Le régiment du Cacique Maraza a été pris par des groupes du Tipnis, ils nous ont coupé l’eau et l’électricité, ils nous ont pris en otage », déclare un soldat dans la vidéo.
Les Tipnis sont connus comme étant les territoires indigènes du Chapare, où Evo Morales, ancien cultivateur de coca et premier indigène à avoir gouverné la Bolivie (2006-2019), a sa plus solide base politique. « Le Chapare est une région dominée par les cultivateurs de coca, qui font partie intégrante de la chaîne du trafic de drogue, de sorte que la présence de l’État a toujours été faible là-bas, explique Gustavo Pedraza, politologue bolivien. Et la prise d’otages est une preuve du contrôle des cultivateurs de coca qui soutiennent Evo Morales. »
L’ancien président a annoncé vendredi entamer une grève de la faim pour exiger un dialogue avec le gouvernement du président Luis Arce afin qu’il « installe […] des comités de discussion » politique et économique. Depuis le 14 octobre, les partisans de Evo Morales bloquent une vingtaine de routes dans le centre de la Bolivie pour protester contre ce qu’ils estiment être une « persécution judiciaire » à l’encontre de leur leader, qui veut revenir au pouvoir.
Evo Morales fait l’objet d’une enquête pénale pour des accusations de viol sur une adolescente de 15 ans alors qu’il était à la tête du pays, ce qu’il nie.
Les protestations se sont étendues et les manifestants exigent maintenant aussi la démission du président Arce, qu’ils accusent d’être responsable des pénuries de carburant que subit la Bolivie faute de devises pour en acheter. Ancien allié de Evo Morales, Luis Arce est arrivé au pouvoir en novembre 2020. Les deux hommes se disputent désormais le contrôle de la gauche et l’investiture pour la présidentielle de 2025, à laquelle Evo Morales, 65 ans, veut prétendre malgré une décision de justice le disqualifiant.
« Evo Morales cherche à éteindre l’action pénale contre lui pour viol sur une mineure. Il cherche donc d’abord l’impunité et ensuite, il cherche à être devenir candidat pour les prochaines élections. Ces deux demandes sont inconstitutionnelles et c’est pourquoi Evo Morales a entamé une grève de la faim. Ce qu’il veut faire avec cette action, c’est montrer qu’il n’encourage pas les blocages afin que le coût politique contre lui ne s’élève pas plus », conclut Gustavo Pedraza.