Par Arlette Akoumou Nga
L’Allemagne a « décidé de fermer les trois consulats généraux iraniens à Francfort-sur-le-Main, Munich et Hambourg » après l’« assassinat » du dissident par « un régime dictatorial et inique », a assuré Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, à New York, dans une allocution retransmise à la télévision.
Ces fermetures vont affecter 32 agents consulaires employés sur les sites, selon le ministère allemand des Affaires étrangères. L’Allemagne maintient en revanche son ambassade à Téhéran et ses « canaux diplomatiques » avec l’Iran, et ce, notamment pour défendre les « autres Allemands » que le « régime détient injustement », a précisé Annalena Baerbock. Les 300 000 Iraniens en Allemagne pourront en revanche toujours s’adresser à l’ambassade d’Iran à Berlin qui reste ouverte.
Le régime iranien était « plus que conscient de l’importance […] des cas de détention allemands », a estimé Annalena Baerbock, qui rappelle que Berlin a « régulièrement et clairement fait savoir à Téhéran que l’exécution d’un ressortissant allemand aurait de graves conséquences ».
« Le fait que l’assassinat » de Jamshid Sharmahd se produise en même temps que les « derniers développements au Proche-Orient montre qu’un régime dictatorial et inique comme celui des mollahs ne fonctionne pas selon la logique diplomatique normale », a encore souligné la cheffe de la diplomatie. Israël est engagé dans un conflit avec l’Iran et ses relais régionaux depuis le début de la guerre à Gaza contre le Hamas le 7 octobre 2023. Outre le Hamas, il affronte le Hezbollah libanais à sa frontière nord.
Jamshid Sharmahd, 69 ans, a été exécuté lundi 28 octobre, après avoir passé plusieurs années en prison pour son implication présumée dans un attentat contre une mosquée à Chiraz dans le sud de l’Iran en avril 2008. Iranien naturalisé allemand, l’opposant accusé de diriger un mouvement de la mouvance monarchiste avait été condamné pour terrorisme sur des bases unanimement critiquées. De nombreuses interventions en faveur de sa libération sont restées vaines. Il avait été enlevé par des agents iraniens en 2020, alors qu’il transitait par les Émirats arabes unis.
Le chancelier Olaf Scholz a qualifié cette exécution de « scandale ». Le chargé d’affaires iranien en Allemagne, principal diplomate de Téhéran en l’absence d’un ambassadeur depuis juillet 2024, a été convoqué dans les heures suivant cette annonce.
Position interventionniste
Dans le même temps, l’ambassadeur allemand à Téhéran a « protesté » auprès du ministère iranien des Affaires étrangères, avant d’être convoqué par ce dernier qui a fustigé « la position interventionniste de certains responsables allemands ».
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a dénoncé les critiques de Berlin. « Aucun terroriste ne bénéficie de l’impunité en Iran. Même s’il est soutenu par l’Allemagne », a-t-il dit, s’adressant à Annalena Baerbock.
Berlin pousse aussi au niveau européen pour que Bruxelles impose des sanctions supplémentaires à l’Iran. La ministre allemande des Affaires étrangères a rappelé jeudi qu’elle était favorable à ce que l’Union européenne classe le corps des Gardiens de la révolution iraniens parmi les organisations terroristes. La définition de nouvelles mesures doit être « discutée avec tous les États membres », a souligné deux jours plus tôt une porte-parole de la Commission. « La politique européenne en matière de sanctions est bien entendu décidée à l’unanimité », a fait écho mercredi un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.